La Côte
d’Ivoire a très vite perçu la nécessité d’avoir un système d’approvisionnement
en eau potable performant. Jusqu’en 1956, la
distribution de l’eau potable relevait des régies municipales.
Les réseaux étaient très réduits et ne desservaient que les plus
grandes Agglomérations du pays. En 1956, certaines municipalités passèrent des
conventions de gérance avec une entreprise publique : EECI.
La ville d’Abidjan, quant à elle, lança en 1959, un appel d’offre
international (en fait, entre entreprises françaises) et retint la SAUR. La
SAUR en Côte d’Ivoire devient, en 1960, la SODECI (Société de distribution de
l’eau de Côte d’Ivoire), société de droit ivoirien au capital de 40 millions de FCFA.
En 1973, le gouvernement, voulant rattraper son retard en matière
d’équipements en eau, lance le Programme National de l’Hydraulique Humaine
(PNHH).
L’eau reçoit alors la priorité par rapport à l’électricité et aux
infrastructures routières. Ce programme national prévoit un développement
rapide des réseaux sur tout le territoire. Pour cela, il met en place une
politique sociale de subventionnement pour les connections aux réseaux et
décide l’unification du tarif au niveau national. Le gouvernement décide ce plan
en même temps qu’il déclare que cette action ne devait pas entraîner de
dépenses budgétaires supplémentaires et que le secteur devait s’équilibrer
financièrement. Pour résoudre ce problème, une nouvelle organisation du
secteur fut mise en place avec trois structures :
- le
Ministère de l’Economie et des Finances est chargé de mettre en place les
financements ; un Fonds National de l’Hydraulique est constitué pour recueillir
une taxe intégrée dans le prix de l’eau, pour contracter des emprunts et financer
le programme et le service de la dette ;
-
le
Ministère du Plan prend en charge tous les équipements d’alimentation en eau ;
il crée le Service Autonome de l’Hydraulique Humaine(SAHH),
qui élabore un plan ambitieux de développement
et de rénovation du réseau ; ce service sera remplacé par la Direction Centrale
de l’Hydraulique(DCH) qui deviendra plus tard la Direction de l’Hydraulique
Humaine(DHH) et le Ministère de tutelle deviendra celui des Travaux Publics et
de l’Urbanisme en 1977 ;
-
la SODECI est chargée de la gestion, de l’exploitation et de l’entretien des
installations et de la distribution de l’eau ; elle signe une convention
d’affermage le 24 juin 1974 avec le Ministère du Plan, pour les centres de
l’intérieur, pour 15 ans, et reformule son contrat pour Abidjan ; elle reprend
les centres gérés par l’EECI et intègre une partie du personnel de cette
société.
Cette structuration du secteur va fonctionner jusqu’en
1987.
A partir de 1987, le secteur est restructuré sous
l’impulsion de la Banque Mondiale, le FNH disparait au profit du FNE (Fonds
National de l’eau) qui va gérer le service de la dette et du FDE (Fonds de
Développement de l’eau) qui permettra d’assurer la continuité de service.
En 2003, à la faveur de la politique de décentralisation, la
Loi n°2003 – 208 du 7 juillet 2003 portant répartition et transfert des
compétences de l’Etat aux collectivités territoriales a prévu entre autres que
la maîtrise d'ouvrage des infrastructures d'eau et d'assainissement en milieu
rural soit assurée par les collectivités décentralisées.
L’application effective des décrets d’application de
cette loi tardent à voir le jour. Toutes les dispositions issues de cette loi
font désormais partie intégrante du cadre institutionnel et règlementaire de la
gestion de l’eau en Côte d’Ivoire.
La réforme
engagée par le Ministère des Infrastructures Economiques, a conduit à la
création en 2006 de l’Office National de l’Eau Potable (ONEP). A travers cette
structure, qui a repris les prérogatives de la Direction de l’Hydraulique
Humaine (DHH), l'Etat veut s'assurer d'une certaine souplesse d’intervention et
garantir l'autonomie des ressources financières.
En 2008, un
contrat d’affermage est signé avec la SODECI pour une durée de quinze (15) ans.
Le 10 juillet 2018, face aux
besoins croissants de la population en matière d’approvisionnement en eau
potable et aux menaces du changement climatique, le Président de la République
a créé le Ministère de l’Hydraulique.
Cette création
a donné un dynamisme nouveau au cadre institutionnel et règlementaire du
secteur de l’eau potable.